Vincent Lindon s’exhibe

Disponible jusqu’au 5 mai 2025 sur Arte, Coeur sanglant, film reportage sur Vincent Lindon signé Thierry Demaizière et Alban Teurlai donne à voir sans beaucoup de pudeur l’intimité de l’homme derrière l’acteur. Bourgeois à demi-assumé, habitué de La Closerie des Lilas, Vincent Lindon raconte ses angoisses d’intranquille et donne à voir sans retouche ses tics lui barrant le visage et ses sourires de travers ressemblant étrangement à des grimaces. En guise d’explication, Wikipedia lui attribue depuis l’enfance le syndrome de Gilles de la Tourette. « Les acteurs, c'est des gens qui sont touchants tellement ils sont perdus, qui ne sont jamais sortis de l'enfance ou qui ne le veulent pas, parce qu'ils jouent. » Il montre ses fesses, avoue que la chose qui lui ferait le plus plaisir serait de retrouver ses cheveux. La mort le hante, la sienne, celle des autres. Il n’a pu partager ni avec sa mère, ni avec son père, ni avec son frère partis trop tôt la joie de son Prix d’interprétation masculine à Cannes pour son rôle dans La loi du marché, de sa montée sur scène avec Julia Ducournau pour la Palme d’or de Titane, ou des applaudissements, salle debout, à la fin de son discours de président du soixante-quinzième Festival de Cannes. Pudique, par délicatesse peut-être, il s’interdit d’évoquer ses ex, Claude Chirac, Sandrine Kiberlain - avec laquelle il a eu ses deux enfants, les êtres qui lui sont le plus chers - mais aussi Caroline de Monaco et Chiara Mastroianni, sa voisine de la place Saint Sulpice. Au-delà de sa vulnérabilité assumée (« Je suis vraiment un être humain qui ne sert à rien. »), Lindon donne des clés sur sa méthode pour gravir l’Everest de l’existence : « Faire deux choses quand quelqu'un en fait une pour ne jamais arriver à la mort. » Il faut se méfier des faux doux, ils cachent parfois de touchants ambitieux : « C'est pour ça que j'aime le pouvoir, s'occuper des autres, faire le bien. »